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Les origines du sauna : d’où vient-il ?

Imaginez de la fumée et de la vapeur qui s’échappent d’un poêle à bois au cœur d’une petite cabine en bois, l’odeur des planches chauffées, la chaleur enveloppante… C’est cette expérience millénaire du sauna qui nous touche encore aujourd’hui.

Ce bain de chaleur sèche est issue des pratiques culturelles nordiques. En Finlande et dans les régions voisines, la pratique existe depuis plus de 2 000 ans. Elle est devenue un rite social et familial emblématique des cultures finno-ougriennes (Finlande, Estonie) et s’est répandue en Suède, dans les pays baltes et au-delà.

Dans cet article, nous retracerons l’histoire du sauna depuis ses lointaines racines au Nord jusqu’à son essor mondial, en nous penchant sur les coutumes et évolutions qui ont façonné cette tradition unique.

Dessin d'un sauna traditionnel en extérieur sous la neige dans les montagnes

Les principales origines du sauna viennent de Finlande, souvent considérée comme la capitale mondiale du sauna ou on y a retrouvé des vestiges très anciens. Les premières cabanes de sudation étaient de simples fosses creusées dans un versant (dites saunas fossé) où l’on disposait des pierres chauffées sur un feu de bois, avant de les recouvrir de branchages ou de tourbe.

Quand les pierres brûlaient à blanc, on évacuait la fumée puis on versait de l’eau sur les pierres chaudes pour générer de la vapeur. Ce procédé primitif, connu dès l’Âge du Bronze (1500–900 av. J.-C.), est l’ancêtre des saunas modernes. Les fouilles archéologiques récentes ont mis au jour ces fosses chauffées, attestant que cette pratique existait déjà il y a deux millénaires.

Parallèlement, des traditions de huttes de sudation existaient ailleurs : en Sibérie et même chez certaines tribus amérindiennes, on utilisait des constructions en branchage appelées « sweat lodges », où l’on chauffait des pierres pour transpirer et se purifier. Toutefois, c’est en Finlande que la coutume du sauna a pris une dimension culturelle particulière.

À chaque nouveau foyer, les Finlandais construisaient leur propre sauna, en bois, faisant de cette pratique une habitude quotidienne et un élément central de l’identité nationale. Les premiers saunas finlandais étaient souvent installés à proximité d’un lac ou d’une rivière, afin de pouvoir se rafraîchir immédiatement après la chaleur intense.

Au fil des siècles, le sauna traditionnel finlandais a évolué. Les saunas à fumée, où la cabane en bois n’avait pas de conduit de cheminée et où la pièce entière était imprégnée de fumée chauffante, ont longtemps prévalu. On entretenait un feu de bois sur un tas de pierres (le savukiuas) puis, une fois les pierres brûlées, on vidait la fumée avant d’entrer. Cette méthode était efficace pour stériliser la pièce et parfumait agréablement l’air.

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Cependant, elle présentait des inconvénients (longue chauffe, nettoyage de suie). Au XIXᵉ siècle est apparu le sauna à poêle moderne : un foyer situé sous un poêle où la fumée est canalisée à l’extérieur grâce à une cheminée métallique. Ce progrès a permis de mieux contrôler la température et de commencer la séance dès que les pierres étaient chaudes, sans attendre la disparition de la fumée. Dans les années 1930, le poêle a encore été perfectionné (isolation du feu des pierres, alimentation continue) pour offrir une chaleur constante pendant toute la séance.

Même si le principe reste le même, la technique s’est adaptée à notre époque : de nombreux saunas modernes sont équipés de thermostats et de poêles électriques pour réguler précisément la température et l’humidité, afin d’assurer des bienfaits . Aujourd’hui, un utilisateur peut, d’une simple main, ajuster la température idéale (souvent entre 80 et 100 °C) ou programmer la durée du chauffage, ce qui contraste avec la patience nécessaire du passé.

Au-delà de la Finlande, le sauna a gagné le reste de l’Europe à partir du XVIIIᵉ siècle. Les voyageurs nordiques ont fait découvrir le bain de chaleur finlandais à la Suède, à l’Allemagne et à la Russie. En Scandinavie, on l’appelle d’ailleurs « bastu » (en Suède) ou on pratique encore la baina en Russie. Le mouvement s’est accéléré aux XIXᵉ et XXᵉ siècles : avec l’exode finlandais et les échanges culturels, le sauna a traversé l’Atlantique. Les immigrés finlandais en Amérique du Nord ont introduit la tradition dans les années 1900, si bien que, au début du XXᵉ siècle, les hôtels et clubs sportifs proposaient souvent un sauna à leurs clients.

Par ailleurs, la renommée mondiale du sauna a été boostée par les exploits des athlètes finlandais : champions olympiques et soldats lors de la guerre d’Hiver ont associé leur forme physique aux vertus du sauna, popularisant ainsi la pratique dans le monde.

Le sauna était autrefois bien plus qu’un simple bain : c’était un lieu sacré et communautaire. Les guérisseurs et chamans du peuple finnois l’utilisaient pour soigner diverses maladies et « purifier le corps ». On considérait le sauna comme la pièce la plus propre de la maison, et on l’entourait de rites protecteurs (esprits de la forêt, bains de vapeur rituels, etc.). En Russie, par exemple, on racontait qu’un esprit domestique appelé Bannik habitait le bain (la bania) et veillait sur ses occupants.

Un aspect étonnant de ces coutumes est que sauna et naissance étaient liés jusqu’au XIXᵉ siècle : presque toutes les femmes finlandaises donnaient naissance dans un sauna. L’endroit était en effet réputé le plus stérile, avec l’eau chaude prête à l’emploi pour laver le nouveau-né et la mère. Plus tard, c’était aussi dans le sauna qu’on lavait le mort avant l’enterrement, signifiant que chaque étape de la vie passait par là. Un ancien proverbe finlandais résume bien ce rôle : « On est né, on s’est lavé et on est mort dans le sauna ».

Le sauna jouait aussi un rôle social : lieu de rassemblement familial ou municipal, il favorisait la convivialité. En milieu rural, on se réunissait en famille autour du poêle à bois au bord du lac. En ville, des saunas publics existaient dès le début du XXᵉ siècle. Le plus célèbre reste le sauna Rajaportti de Tampere, ouvert en 1906, aujourd’hui encore le plus vieux sauna public de Finlande en activité. Ces établissements devenaient des lieux de rencontre où l’on discutait, scellait des accords, et où la couche sociale s’effaçait dans la chaleur partagée.

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Au terme de ce parcours historique, on voit que le sauna est bien plus qu’un simple bain de chaleur. Né dans la Finlande des temps anciens, il a évolué du trou fumant en pleine nature aux cabanes sophistiquées d’aujourd’hui. Sa pratique s’est diffusée d’abord dans toute l’Europe du Nord, puis partout dans le monde. Aujourd’hui encore, le sauna reste profondément ancré dans la culture finlandaise : on compte environ trois millions de saunas pour cinq millions d’habitants en Finlande, soit presque un par foyer. Plus de 99 % des Finlandais fréquentent régulièrement le sauna, preuve de son importance sociale et sanitaire.

De nos jours, le sauna est reconnu mondialement comme symbole de bien-être et d’hygiène. Ce savoir-faire ancestral a même été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO (la tradition finlandaise du sauna y figure depuis 2020). Ainsi, ce rituel venu du froid continue de réunir et de revitaliser des millions de personnes, portée par son héritage nordique et son adoption internationale.

Sources : Nous nous sommes appuyés sur l’expertise d’historiens et de spécialistes (encyclopédies et sites culturels nordiques) pour retracer cette histoire, complétée par des anecdotes confirmées par des sources fiables. Chacun de ces témoignages éclaire un pan de l’histoire du sauna et de son origine finlandaise.

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